Chers amis,

 

Plusieurs milliers de personnes dans plus de 40 pays prient avec nous chaque jour le Notre Père pour une Europe basée sur des valeurs chrétiennes. La foi partagée et le même voeux font de nous un réseau européen de Dieu.

 

Le Notre Père n’a pas été choisi par hasard comme prière pour l’Europe. Chaque invocation et chaque prière est d’actualité. P. Johannes Lechner, un prêtre autrichien de la Communauté des Frères de Saint Jean a décrit pour nous dans cette lettre d’information de novembre le profond rapport entre le Notre Pere et notre société.

 

En fait ce texte est une méditation. Prenez donc le temps pour le lire tranquillement et laissez vous toucher par la profondeur de ces réflexions. Peut être pouvez vous les présenter à votre groupe de prière et inviter d’autres à prier dans le réseau de Dieu pour une Europe basée sur des valeurs chrétiennes.

 

Votre équipe l’Europe pour le Christ !

 

 

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Pater noster. Vater unser. Notre Père. Our Father. Padre nuestro.

Pater hemon. Padre nostro. Otče náš. Ojcze nasz. Oče naš. Vor Fader.

Meie Isa. Isä meidän. Musu Tevs. Téve musu. Mi atyánk. Onze Vader. Missierna. Fader vår. Pai nosso. Tatãl nostru. Göklerdekí babamiz. Отче наш.

 

 

Réflexions sur le « Notre Père » pour l’Europe.

Par P. Johannes Lechner

 

Dans le réseau de Dieu

 

Les réseaux jouent en Europe un rôle décisif à tous les niveaux : réseaux complexes des régions, des organisations, des entreprises et des Etats membres. « Les réseaux se fondent sur l’idée que chacun des membres compte… Dans ce monde global, complexe, à plusieurs niveaux, interactif, personne ne peut réussir seul* ».

 

Le réseau le plus solide dans lequel nous sommes inscrits est le tissu relationnel de ceux qui prient. Comprenons-nous en effet, lorsque nous prions le « Notre Père », que nous nous plaçons comme des individus à l’intérieur d’un plus vaste ensemble, dans le sens majestueux de l’histoire, dans le corps mystique du Christ ? Nous sommes une famille aux dimensions du monde, enfants d’un même Père. Nous faisons corps les uns avec les autres et avons besoin les uns des autres.

 

« Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, l'un de ses disciples lui demanda: “Seigneur, apprends-nous à prier” » (Lc 11,1). Il leur a appris le « Notre Père » et leur a donné ainsi le « résumé de tout l’évangile » (Tertullien, or. 1). Les premières communautés chrétiennes priaient la « prière du Seigneur » trois fois par jour (Didaché 8,3). Nul ne peut compter combien de fois, depuis ce temps-là, la prière du Seigneur a été dite dans toutes les langues sur cette terre.

 

Pour commencer la journée et pour la déposer le soir dans les mains de celui que Jésus appelle Abba….Avant le travail, dans les temps de méditation silencieuse, dans les tranchées des guerres mondiales, lors de la perte d’un être cher, dans les moments de grande joie ou lors du bénédicité avant le repas… Jésus a déclenché avec le « Notre Père » une marée de prière, un torrent de bénédictions et de grâces. La prière de Jésus s’est prolongée à travers tous les temps et les lieux de l’histoire. Deux mille ans de « networking » spirituel, ou mieux encore, de « netpraying » à travers le « Notre Père ». Ora et labora. Notre cœur est uni au cœur de Dieu, et par le cœur de Dieu uni à tous ceux qui prient. « Le Seigneur nous enseigne à prier ensemble pour nos frères. Car il ne dit pas : “Mon Père qui est au cieux”, mais “Notre Père”, afin que notre prière intercède d’une seule voix pour le corps tout entier de l’Eglise » (S. Jean Chrysostome, Hom. sur Mt 19,4). Lorsque nous prions avec les paroles du Seigneur, c’est toujours le Peuple des nouveaux-nés qui prie et obtient miséricorde. (cf. 1 Pi 2,1-10). Nous réalisons ainsi une Europe de l’Esprit : le Notre Père donne son âme à l’Europe.

 

Celui qui prie espère, et celui qui espère demande. La prière est l’exercice de l’espérance. Que pouvons-nous oser espérer ? A quelle intention devons-nous prier ?

 

« La prière est en effet comme l'interprète de notre désir devant Dieu. Nous ne lui demandons de manière juste que ce que nous désirons de manière juste. Or la prière du Seigneur demande non seulement tout ce que nous désirons de manière juste, mais elle le fait dans l'ordre même où l'on doit le désirer, si bien qu'elle ne nous enseigne pas seulement à demander, mais à former toute notre affectivité et tout notre vouloir (S. Thomas d’Aquin, Somme théologique, II-II, Qu.83 a.9).

 

Les sept demandes du « Notre Père » nous manifestent ce vers quoi le Seigneur veut orienter nos désirs. Que signifient ces demandes pour l’Europe ? Ne sont-elles pas exactement ce dont l’Europe d’aujourd’hui a besoin ?

 

L’Europe a besoin d’un Père.

 

Abba. C’est ainsi que Jésus a appelé Dieu dans sa langue maternelle. Dans l’Esprit Saint, nous dit S. Paul, nous pouvons expérimenter l’intimité de Dieu et crier vers Lui : Abba, Père, comme frères et sœurs de Jésus (Rom 8, 15-16). Dieu est le Père de Jésus Christ. Jésus nous a montré son vrai visage : Il est le Père miséricordieux, celui qui attend le fils prodigue, va à sa rencontre, se jette à son cou et l’embrasse, l’habille de neuf et fête son retour (Lc 15, 20-24). Il est généreux et pardonne. Il est patient et peut attendre. Le Père de la miséricorde et le Dieu de toutes les consolations part à notre recherche. Il donne la vie, laisse grandir, donne de l’espace, encourage, communique la liberté et l’espérance.

 

Il a fondé et insufflé à l’Europe ce qu’elle a de meilleur: la vigne et le blé, la beauté de l’art et les fruits de l’esprit. L’Europe est parfois comme l’enfant prodigue. Combien son non à Dieu est sévère! Un père reste cependant un père, même lorsque son fils ne s’occupe pas de lui. Il est le père de toutes les hommes de ce merveilleux continent : de ceux qui l’accueillent avec reconnaissance aussi bien que de ceux qui renient ou refusent sa paternité, de ceux qui le prient comme de ceux qui restent indifférents à son égard. Il est bon. Il laisse chaque jour le soleil se lever sur le bien et le mal, Il laisse la pluie tomber sur les justes et les méchants. Il est également bon pour ceux qui le maudissent. Il est source inépuisable d’un amour éternel qui se donne; son autorité est celle de la compassion. Il est infatigablement à l’œuvre pour apporter l’amour là où il n’est pas, pour éveiller l’amour… Il est l’amour sans reproches.

 

Nous avons reçu la grâce de connaître le Père par Jésus dans l’Esprit. Nous avons le devoir d’être ambassadeurs pour tous, devons être nous mêmes des icônes de cet amour et prier pour tous : pour les dirigeants de l’Europe, les scientifiques dans les universités et les laboratoires, les artistes, les journalistes, les médecins, les équipes pastorales, les familles, les pères et mères qui élèvent seuls leurs enfants, les enfants, les personnes âgées dans les maisons de retraites… Nous prions avec tous pour tous ceux qui ne connaissent pas encore le Père. L’amour de Dieu est sans limite, et notre prière doit l’être aussi.

 

L’Europe a besoin du pardon et de la rédemption.

 

La culture européenne donne l’impression d’une « apostasie silencieuse » de l’homme rassasié qui vit comme si Dieu n’existait pas**. L’oubli de Dieu mène à la chute de l’homme. Le mal occupe un espace dans la non culture de la mort à travers l’avortement, l’euthanasie et la terreur, dans l’indifférence, la peur du futur et la perte du sens ; dans l’isolement, la crise de la famille et l’ébauche de la dictature du relativisme. Il n’y a pas de nation en Europe qui n’ait été, à un moment donné, coupable à l’égard d’une autre. La cupidité, le désir du pouvoir, la vaine gloire et la folie traversent l’histoire sanglante de l’Europe. Nous avons besoin de pardon. Nous avons besoin d’une purification de la mémoire. Nous avons besoin de la prière et d’agir pour la paix. La faute de nos pères ne doit plus peser sur nous. Notre prière peut libérer ceux qui se sont enferrés dans le mal. Le Christ offre un nouveau commencement, une nouvelle création, la vraie liberté.

 

Bien des choses assombrissent notre espérance. En tant que disciples de Jésus Christ, ne sombrons pas dans la résignation en pensant à tous les maux de notre temps. Elevons nos yeux pleins d’espérance vers le Père qui peut nous libérer du mal. « Ce ne sont pas les malfaiteurs qui ont le dernier mot, mais ceux qui prient. » (Reinhold Schneider).

 

Lancez avec chaque Notre Père à nouveau vos filets. (D’après Lc 5,4). Lançons sur l’Europe le réseau de la prière. Même si tout paraît désespéré et que nous expérimentons des nuits solitaires et stériles, le Seigneur nous promet une pêche miraculeuse.

 

Tout dépend de ta prière.

 

P. Johannes Lechner CSJ est depuis 1991 Frère au sein de la Communauté des Frères de Saint Jean fondée en France. Né en 1970 à St. Stefan/Rosental, dans la Styrie en Autriche, il travaillait sur l’exploitation agricole de ses parents. A 17 ans il expérimenta un virement radical vers Jésus Christ qui transforma sa vie. Il étudia la philosophie et la théologie en France et fut ordonné prêtre en 1999. De 2000 à 2006 il était prieur de la Communauté à Marchegg (Autriche). Actuellement il est délégué à l’évangélisation des jeunes, donne de nombreuses conférences et se consacre à prêcher.

 

 

* « Le rêve européen : Ou comment l'Europe se substitue peu à peu à l'Amérique dans notre imaginaire » de JEREMY RIFKIN, Fayard, Paris, 2005.

** JEAN PAUL II, Ecclesia de Europa, N° 9.