Chers amis,

« Une société est jugée par la manière dont elle traite ses membres les plus faibles »… cette phrase est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. On ne peut nier une contradiction frappante dans la plupart des sociétés modernes : d’un coté de nombreuses lois sont promulguées protégeant les plus faibles, pendant que de l’autre coté la société a désapprit à gérer sa relation avec les plus faibles et la fragilité.

L’oncologue Xavier Mirabel est président de « l’Alliance pour les Droits de la Vie » et père d’une petite fille souffrant du syndrome de Down. Il attire l’attention sur les nombreux dangers qui peuvent surgir lorsque l’on met toute sa foi dans une « médecine omnipotente qui élimine toute souffrance ». Nous avons oublié de voir la personne derrière la douleur. Nous ne voyons que la souffrance -qui est insupportable à nos yeux - et ne pouvons pas « com-patir ».

En tant que chrétiens nous sommes appelés justement à compatir et à soulager la détresse quand et où c’est possible. Prions et travaillons ensemble pour une communauté qui respecte la souffrance et les plus faibles, qui ne les rejette pas mais les fait siennes. Seulement de cette manière une société pourra être vraiment chrétienne.

 

Votre équipe l’Europe pour le Christ !

Ps : ne pas oublier : un Notre Père quotidien pour une Europe basée sur des valeurs chrétiennes !

 

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Pourquoi la mort semble préférable à la souffrance, et pourquoi ce ne devrait pas être le cas...

 

Avec les développements de la technologie médicale, il est possible d’en connaître toujours plus sur l’enfant avant la naissance. C’est tellement vrai que le vécu de la grossesse aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’il pouvait être il y a dix ans. Finie, la sérénité ! L’attente confiante n’est plus possible. Car ces explorations biologiques et échographiques sont proposées systématiquement et parfois même imposées. Il ne s’agit plus de connaître le sexe pour choisir la couleur de la layette et le prénom mais plutôt de s’assurer de la conformité de l’enfant, conformité génétique et physique aux nouveaux canons de la normalité.

Mais nous n’avons encore rien vu ! Déjà, ce sont des facteurs de risque de maladies qui peuvent être recherchés. Bientôt, ces recherches seront plus faciles car elles se réaliseront sur un simple prélèvement du sang de la maman. En y mettant le prix, on pourra alors savoir très précocement au cours de la grossesse si l’enfant est bien portant, s’il est « normal » et même s’il risque de tomber malade un jour.

Les conséquences de ces diagnostics, nous les connaissons trop bien. Car notre seuil de tolérance au handicap, à la maladie, à la souffrance ne cesse de diminuer. Nos société sont profondément ambivalentes : elles professent le respect de toute personne malade ou souffrant d’un handicap mais, trop désemparées face à la souffrance, elles organisent dans le même temps le rejet, l’exclusion des personnes « anormales ». Ce nouvel eugénisme, parce qu’il est ultra-libéral, n’en est pas moins violent et totalitaire.

Au fond, c’est la désespérance qui me semble le symptôme le plus inquiétant : désespérance de pouvoir aider. Non seulement on semble croire que la fragilité supprimerait tout sens à la vie mais, plus préoccupant encore, on finit par se persuader qu’il est des cas où rien ni personne ne saurait soulager, rassurer et consoler.

Pourquoi tant de difficultés à accompagner la souffrance ? En raison de la perte des repères spirituels et par fascination pour la science et la technique. Nos sociétés en perte de repères idolâtrent la santé. Nous comptons sur la prétendue toute-puissance de la médecine et de la recherche médicale qui pourraient abolir toute souffrance. La dépendance, la maladie, la perte d’autonomie nous semblent tellement atroces que la mort en deviendrait préférable. Il ne faut pas s’étonner de voir nombre de nos concitoyens s’ériger en juges d’une dignité qui serait relative et qui leur semble détruite par la maladie ou le handicap.

La vie humaine est menacée par l’avortement, la réification de l’embryon, l’eugénisme et l’euthanasie. Les chiffres vertigineux de ces « meurtres familiaux » nous révèlent l’ampleur d’un drame humanitaire sans précédent. Jean-Paul II parlait d’une guerre contre la vie, d’une « guerre des puissants contre les faibles ». Certes, devant l’ampleur du drame, « il n’est permis à personne de rester à ne rien faire », l’annonce de l’Evangile de la Vie nous concerne tous. Mais les remèdes ne sont pas évidents. Les repères que nous propose l’Eglise sont précieux pour nous aider à trouver le ton juste.

Pour mieux accueillir la vie et les personnes les plus fragiles, il faut travailler à un changement des cœurs et ce retournement doit commencer par nous-mêmes : comment témoigner de l’Evangile de la Vie si nous ne l’avons pas accueilli en profondeur, dans notre vie personnelle et dans nos engagements, en vérité et en charité ?

 

Xavier Mirabel est médecin, oncologue, père d’une petite fille souffrant de trisomie 21, président de l’Alliance pour les Droits de la Vie www.adv.org