Chers amis,

 

La religion est irremplaçable dans la formation de la conscience morale. Même des philosophes et politiciens éloignés des églises chrétiennes considèrent que la contribution de la foi chrétienne est fondamentale à la formation d´un consensus éthique. Le président français Nicolas Sarkozy a par exemple, dans le cadre de la visite du Pape en France, employé l´expression de la „laicité positive“ pour caractériser la relation entre l´Eglise et l´Etat.

Néanmoins, dans certains pays, la présence du Christianisme est publiquement et massivement combattue, même si cela se fait parfois subtilement. L´été dernier en Hongrie, il fut par exemple sérieusement débattu de la possibilité d´interdire que les cloches d´églises ne sonnent. En Grande-Bretagne, après un long procès, on reconnut à British Airways, le droit d´interdire à une employée de porter une petite croix autour du cou. La personne concernée, une femme d´origine égyptienne, avait été forcée de prendre des vacances, parce qu´elle ne voulait pas cacher sa foi sur son lieu de travail.

Ces cas et d´autres cas de „christianophobie“ en Europe nous montrent combien il est important de bien comprendre la relation entre les communautés religieuses et les autorités étatiques, et par conséquent de défendre résolument la liberté de croyance. Le texte ci-dessous vise à y contribuer.

Pour une Europe basée sur des valeurs chrétiennes,

 

Votre équipe de « l’Europe pour le Christ ! »

 

 

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Une définition de la laïcité

Par Etienne Rosset

 

La laïcité concerne les rapports entre la politique* et les religions : elle désigne le principe de séparation organique des domaines temporel et spirituel, de l’Etat et des religions.

 

Selon le principe de laïcité, les politiciens s’engagent à ne pas intervenir dans les affaires religieuses (comme la nomination des responsables – évêques, imams, rabbins – voire la formulation des dogmes ou la convocation des conciles). De leur côté, les instances religieuses s’engagent à ne pas s’immiscer dans le domaine politique. Le principe de laïcité encourage donc les citoyens au respect des religions, et d’autre part il encourage les fidèles des religions au respect des institutions politiques. Aussi l’ignorance voire le mépris de l’une envers l’autre constitue-t-il une atteinte au principe de laïcité.

 

La distinction – voire la séparation – des instances politiques et religieuses n’exclut pas pour autant les avis, concertations et conseils réciproques qu’elles peuvent se donner mutuellement. Les instances religieuses ont la possibilité de consulter les pouvoirs publics et inversement.

 

La laïcité désigne donc un principe de fonctionnement des institutions, une neutralité envers les religions : elle ne cherche pas à leur substituer une anthropologie (voire une théologie). La laïcité n’est porteuse d’aucune anthropologie. La laïcité, neutralité et respect réciproque des instances religieuses et politiques, ne désigne ni l’a-religion ni l’athéisme. Elle est de l’ordre du moyen, non de la fin. Sa finalité est la liberté religieuse et areligieuse.

 

Pourtant, qui a inventé la laïcité, sinon un homme appelé Jésus, que les chrétiens appellent aussi Christ ou Messie ? Les Evangiles rapportent « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt.22,21 ; Mc.12,17 et Lc.20,25). Jésus dit aussi à Ponce Pilate : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » (Jn.18,36).

 

Avant lui, la distinction entre la politique et la religion était impensable, tant chez les Juifs que chez les Gréco-romains. De la même manière que le dogmatisme est l’ennemi du dogme, le laïcisme est lui aussi l’ennemi de la laïcité.

 

Si le cléricalisme, accordant un rôle politique au clergé comme c’était le cas sous l’Ancien Régime, est une atteinte à la laïcité, le balancier se trouve aujourd’hui de l’autre côté. Le laïcisme désigne un athéisme militant qui cherche à s’imposer aux institutions politiques. Il désigne un système de pensée athée qui veut avoir l’exclusivité de la reconnaissance politique. Son idée de la laïcité repose sur le postulat de l’athéisme – il prend donc dès le départ une position anthropologique, il s’écarte de la neutralité institutionnelle pour entrer dans une forme de prosélytisme. Le laïcisme ne respecte pas la neutralité religieuse des institutions politiques. Il érige la laïcité en absolu. Il ne hiérarchise pas les moyens et la fin.

 

Le laïcisme n’étant pas à une contradiction près, on peut soulever qu’il est une forme de monothéisme par négation. En effet, c’est le Dieu unique qu’il refuse. C’est un principe unique (une cause première, de laquelle tout dépendrait) et une finalité unique (une cause finale unique vers laquelle tout tendrait) qu’il rejette. En revanche, il admet l’idolâtrie de telle ou telle star du show-business ou du football. Il ne s’oppose pas à l’idolâtrie de l’argent, de la liberté, du pouvoir… lesquels deviennent des finalités de substitution, lorsque la religion est étouffée. Il ne refuse pas ces formes contemporaines de polythéisme, car il sait qu’elles sont vaines.

Le cléricalisme comme le laïcisme sont traîtres à la laïcité : ils posent le pouvoir politique et les instances religieuses en rivales pour une même fonction. Ils ne voient pas la distinction de nature qui différencie le politique et le religieux. Le cléricalisme pose la question des apôtres : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir la royauté pour Israël ? » (Ac.1,6). Le laïcisme se situe dans l’autre camp ; tel Hérode, il condamne celui qu’il considère comme un rival (cf.Mt.2,1-18). A l’inverse du laïcisme et du cléricalisme, la laïcité n’est pas partisane.

 

La culture chrétienne, source d’intelligence européenne

 

Observons le patrimoine artistique et architectural européen, ou encore les principes qui régissent les lois occidentales. A défaut de la foi chrétienne, celui qui veut avoir l’intelligence d’une culture européenne ne peut se passer d’une culture chrétienne. Le principe de l’égale dignité des êtres humains n’émane-t-il pas du judéo-christianisme et de l’anthropologie chrétienne ? Qu’ils le reconnaissent ou non, officiellement ou officieusement, les pays d’Europe* sont pétris par un héritage chrétien. Le nier relève soit de l’aveuglement ou de l’ignorance, soit de la mauvaise volonté et de la partialité – d’une atteinte indirecte à la laïcité. Ce patrimoine fait de nous « des nains sur des épaules de géants », héritiers d’une accumulation de richesses dont nous sommes aujourd’hui responsables, que nous avons a ouvrager et à transmettre.